La dentelle, quel impact sur notre planète ?

par | Oct 30, 2024 | Univers textile

Elle a habillé la robe de mariée de Kate Middleton, et celle d’une récente tournée de la chanteuse Beyoncé : la dentelle des Hauts-de-France a enfin son « indication géographique », reconnue officiellement depuis début 2024. La dentelle, ce tissu ajouré, a en effet connu ses lettres de noblesse notamment en France.

Très appréciée en lingerie pour son aspect sensuel et raffiné, la dentelle est aujourd’hui très populaire dans l’industrie textile mondiale. Quid de son impact environnemental ?

Rapide historique de la dentelle

    La dentelle trouve ses origines dans les techniques de broderie et de tissage utilisées dans l’Antiquité. Les premières formes de dentelle apparaissent au Moyen Âge, principalement en Italie et en Flandre.

    Au XVIe siècle, la dentelle devient un symbole de luxe et de statut social. Au cours de la Renaissance, les centres de production les plus importants sont Venise, Bruges et Bruxelles. Les techniques de dentelle à l’aiguille et au fuseau se développent.

    Durant les XVIIe et XVIIIe siècles, la dentelle atteint son apogée en termes de raffinement et de complexité. En France, les dentelles de Chantilly, d’Alençon et de Valenciennes sont particulièrement prisées.

    Dentelle d’Alençon

    Dentelle de Valenciennes

    Au XIXe siècle, l’invention de machines à dentelle permet une production de masse. Avec la Révolution industrielle, la dentelle devient plus accessible, mais perd en partie son caractère artisanal et luxueux.

    La dentelle continue d’évoluer au XXe siècle avec l’introduction de nouvelles fibres synthétiques comme le nylon et le polyester. Elle est utilisée dans la mode, la décoration intérieure et les accessoires.

    L’impact environnemental de la dentelle

      De manière générale, 1 kilo de dentelle émet 4.41kg éq. CO2, l’équivalent d’un aller-retour Paris – Marseille en TGV, ou encore de 139 épisodes de Game of thrones en streaming.

      Mais l’impact environnemental de la dentelle dépend de plusieurs facteurs, notamment les matériaux utilisés pour sa fabrication, les processus de production et les pratiques de fin de vie. 

      La matière

      La dentelle synthétique est la plus répandue sur le marché aujourd’hui. Elle peut être en polyester ou en nylon, deux matières issues du pétrole, dont la production émet des gaz à effet de serre. De plus, ces deux matières synthétiques libèrent des microparticules plastiques lors du lavage, qui finissent par s’agréger dans les océans pour former ce que l’on appelle le « 8ème continent de plastique ».

      La dentelle naturelle peut être réalisée en coton ou en soie. 

      La dentelle en coton peut être plus écologique que la synthétique si elle est produite à partir de coton biologique, qui utilise moins de pesticides et d’eau. Cependant, le coton conventionnel a un impact environnemental important en raison de l’utilisation intensive de pesticides et de grandes quantités d’eau.

      La dentelle en soie est généralement plus écologique que les fibres synthétiques, mais la production de soie peut poser des problèmes éthiques en raison de l’élevage des vers à soie. 

      Les autres étapes du cycle de vie du produit

      Au cours de la production, les processus de teinture et de finition de la dentelle peuvent utiliser des produits chimiques toxiques qui polluent l’eau et le sol.

      Concernant la fin de vie, la dentelle synthétique n’est pas biodégradable et peut contribuer à l’accumulation de déchets textiles dans les décharges. La dentelle naturelle est biodégradable mais peut encore poser des problèmes de déchets si elle n’est pas correctement recyclée ou compostée.

      En outre, le recyclage de la dentelle est complexe en raison de la finesse et de la délicatesse du matériau. Les fibres synthétiques peuvent être recyclées, mais le processus est souvent coûteux et énergivore.

      Alternatives durables

      Choisir de la dentelle certifiée par des labels écologiques comme OEKO-TEX ou GOTS (Global Organic Textile Standard) pour le coton peut garantir des pratiques de production plus responsables.

      Il peut être intéressant de se tourner vers de la dentelle recyclée. Par exemple, les fibres Q-Nova sont constituées à partir de chutes de nylon des industries textiles qui devraient normalement être jetées. Ces fibres sont traitées mécaniquement, sans ajout de produits chimiques afin de réduire l’impact de l’étape production.

      Corail Artefact : comment réparer les coraux grâce à la dentelle

      Depuis 2010, afin de préserver les savoir-faire et industries voués à disparaitre, l’artiste Jérémy Gobé crée des œuvres à partir de matières offertes par les ouvriers d’usines fermées et/ou en fermeture.

      Dans son esprit se crée peu à peu un lien entre disparition du tissu corallien, élément vital du cycle naturel de notre planète et paupérisation du tissu industriel et des savoir-faire en France, très souvent support de maintien de la vie locale.

      En 2017, il s’intéresse au point d’esprit, motif traditionnel de dentelle au fuseau du Puy-en-Velay. Ce motif, créé il y a plus de 400 ans, ressemble à s’y méprendre au dessin d’un des squelettes coralliens qu’il utilise dans le cadre de ses expérimentations.

      Lui vient une idée : réfléchir à un support en dentelle pour stimuler la régénération corallienne. Les scientifiques cherchent depuis longtemps un support (ou substrat) pour capter plus de larves, support dont ils estiment qu’il doit présenter les trois caractéristiques suivantes : rugosité, souplesse et transparence. La dentelle en coton du Puy répond à ces critères ; elle est en plus bio sourçable, biodégradable et biomimétique.

      En 2018, Jérémy lance alors un programme de Recherche, Développement et Innovation (RDI) associant art & science qu’il baptise Corail Artefact.

      Il comprends la création de deux matériaux innovants :

      • BCA, un biopolymère 100% made in France, bio-sourcé et bio-assimilable, enrichi en éléments naturels propices au développement des coraux.
      • CCA, un béton écologique décarboné 100 % made in France, sans extraction, métaux lourds, clinker ni sable.


      et leurs applications pour les aquariums et le in situ :

      • un système de bouturage inédit
      • des modules de reconstruction des récifs disparus
      • un capteur pour les larves et gamètes

      Depuis, Jérémy a pu faire breveter le BCA et le CCA. Pour la première fois, des système de bouturage en BCA et une structure en CCA sont acquis, utilisés et installés de manière pérenne par une institution internationale : l’Aquarium de Paris Trocadéro.

      Sources :

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